Trois freins à l’apaisement après un accouchement difficile

Après un accouchement difficile, le chemin à parcourir pour trouver l’apaisement peut être plus ou moins long et fastidieux.  Ce qui joue ? La nature des faits, bien sûr. L’histoire et les ressources de chacune, aussi.

Mais, de manière assez constante, j’ai pu observer trois obstacles principaux devant une femme qui cherche à se reconstruire après un accouchement difficile.

Apaisement après un accouchement difficile

L’absence de mots pour exprimer ses souffrances

Il est fréquent qu’une femme meurtrie par son accouchement peine à mettre des mots sur ce qu’elle a traversé.

Qualifier précisément les faits, déterminer si ceux-ci relèvent du normal ou pas, voilà une démarche difficile à effectuer seule, même après coup.

Et puis, à cause de la fureur des événements, il est parfois difficile de reconnaître et d’exprimer ce que cela a déclenché (et déclenche encore !) intérieurement et qui fait pourtant si mal. Nombreux sont les sentiments et les émotions difficiles qui peuvent naitre de cette expérience. Il est nécessaire de les identifier pour mieux les traverser, mais ce peut être laborieux à faire lorsqu’on est seule face à sa douleur.

Le sentiment d’isolement

Difficile, aussi, de se libérer d’un accouchement traumatique lorsqu’on ne trouve ni écoute ni empathie suffisante auprès des autres.

D’abord, cela touche tellement à l’intime qu’oser en parler n’est pas toujours simple, même avec des proches, surtout s’ils ont eux aussi été remués par cette expérience (ce qui est presque toujours le cas du conjoint).

Ensuite, trouver un interlocuteur assez solide et bienveillant, qui écoute sans réagir avec jugement, peut s’avérer délicat. Dans un réflexe naturel d’encouragement, l’entourage a tendance à vouloir consoler et invite à tourner la page. Pour autant, cette injonction à positiver revient à minimiser les faits et ne permet pas à la mère de déposer ce qui la mine.

Quant à l’équipe soignante, elle peut être amenée à justifier les faits douloureux d’une manière qui ne procure ni écoute ni compréhension bienfaisantes.

Ces situations de minimisation ou de déni de souffrance constituent autant de chocs supplémentaires qui peuvent aggraver le traumatisme initial.

La honte ou le sentiment de culpabilité

« J’aurais dû mieux m’informer », « je n’ai pas été capable de…», « j’aurais dû insister », « je n’ai rien ressenti pour mon bébé quand on me l’a posé sur le ventre, je suis une mauvaise mère», « je ne me suis pas assez préparée », « je n’ai pas réagi». Bref.

La liste des griefs que l’on peut s’adresser après un accouchement difficile est longue. Le problème est que chacun de ces reproches à soi-même représentera autant d’obstacles à dépasser avant d’arriver à l’apaisement.

Lorsque ces difficultés s’ajoutent à la grande vulnérabilité d’une femme après un accouchement, le chemin à parcourir jusqu’à un réel apaisement peut se transformer pour elle en une longue route solitaire semée d’embuches.

Alors, si vous avez vécu un accouchement difficile et que vous en souffrez encore, je vous invite à vous demander ce qui vous aiderait dans l’immédiat.

De quoi avez-vous besoin tout de suite ?

D’écoute ? De bienveillance ?

De pleurer sans être jugée ?

De mots pour dire ce que vous avez vécu et pour vous faire entendre ?

Lorsque vous aurez répondu à ces questions, vous aurez franchi une étape décisive vers l’apaisement et saurez dans quelle direction avancer.

Partagez cet article