Qu’est-ce qu’un accouchement difficile ?

Après une naissance mouvementée, il n’est pas toujours évident de déterminer si ce que l’on a traversé est un accouchement difficile. Pas facile, alors, d’y apporter les réponses adaptées.

Accouchement difficile est un mot-caméléon, que l’on peut appliquer à plusieurs situations. Et on ne lui donnera pas la même définition selon que l’on se place du point de vue de la patiente ou de celui du personnel médical.

Qu'est-ce qu'un accouchement difficile ?

Un accouchement difficile sans complications médicales, est-ce possible ?

Le personnel médical emploie le terme d’accouchement difficile (on dit alors « dystocique ») pour parler d’un accouchement au cours duquel un médecin a effectué certaines manipulations ou interventions chirurgicales pour répondre à une difficulté particulière constatée chez la mère, chez le bébé ou de manière annexe (placenta ou cordon par exemple).

Pourtant, un accouchement peut se transformer en épreuve rude et douloureuse dans d’autres circonstances. Cela peut être le cas même lorsque l’équipe soignante n’a relevé aucune difficulté d’ordre obstétrique.

Et, à l’inverse, un accouchement qualifié de « difficile » par l’équipe médicale peut tout à fait ne laisser aucun traumatisme chez une femme lorsque les conditions de l’accouchement ont été suffisamment respectueuses et transparentes.

Comment reconnaître un accouchement difficile ?

Dans ce contexte, après leur accouchement, certaines femmes se demandent s’il est normal de se sentir aussi mal et si elles ont le droit de s’en plaindre. Ou encore, elle doutent de leur légitimité à vouloir obtenir des explications.

Pourtant, ce ne sont pas que les hormones et les nuits hachées qui leurs jouent des tours. Elles sont en général tout à fait fondées à ressentir ce qu’elles ressentent. Car, oui, leur accouchement a bien été anormalement mouvementé ou éprouvant. Et, oui, il aurait pu en être autrement.

Si vous êtes sujette à des pensées tristes ou de colère lorsque que vous vous souvenez de votre accouchement, si l’incompréhension persiste quant à certains faits et gestes intervenus ce jour-là, ou si un sentiment d’impuissance et de vulnérabilité vous habite depuis, il y a fort à parier que vous ayez traversé ce que je qualifie, moi, d’accouchement difficile, ou d’ « accouchement malheureux ».

Ce peut être le cas même si votre dossier médical est simple et sans aspérité ; même si, du point de vue des professionnels présents à votre accouchement, rien de particulier n’est à déplorer.

Et les violences obstétricales, dans tout ça ?

J’ai établi un triste constat auprès des femmes que j’accompagne : les accouchements difficiles, malheureux, ceux qui laissent des meurtrissures dans le cœur des femmes, trouvent, dans l’écrasante majorité des cas, leur origine dans des situations qui relèvent des violences obstétricales.

Pour déterminer ce qu’est une violence obstétricale, je retiens ici la définition proposée par Marie-Hélène Lahaye, juriste et auteure du livre Accouchement, les femmes méritent mieux (et du blog Marie accouche là). Une violence obstétricale consiste en « tout comportement, acte, omission ou abstention commis par le personnel de santé, qui n’est pas justifié médicalement et/ou qui est effectué sans le consentement libre et éclairé de la femme enceinte ou de la parturiente. »

Après analyse, on peut toujours identifier, dans le déroulement de l’accouchement des femmes que je rencontre et qui souffrent moralement après cette expérience, des éléments très contestables, tant sur le plan du respect des recommandations médicales que des droits de la patiente. Leur malaise est donc totalement légitime et révélateur d’un problème objectif et cela en dehors de toute pathologie obstétrique la plupart du temps.

Pour certaines, après un accouchement difficile, il sera aisé de mettre des mots sur les difficultés rencontrées et d’en évaluer l’impact sur leur équilibre. Mais dans de nombreux autres cas – notamment en raison des formes multiples que peut revêtir un accouchement difficile, en raison aussi de la variété de ses conséquences sur l’équilibre et le bien-être d’une femme – ce seront la confusion et le doute de soi qui domineront, freinant le cheminement de guérison et d’apaisement.

C’est pour cette raison qu’il me semble fondamental, lorsque l’on se sent triste, isolée ou en colère après un accouchement, d’écouter ce qui crie en nous et de tout faire pour répondre à cette petite voix qui demande de l’aide.

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